Ce maudit escalier

Tu connais surement ce genre d'escalier!

Mais si, les escaliers en bois qui t'ont trahi lorsque tu étais enfant!

Ces escaliers qui disent, elle ne dort pas, elle tente une évasion de sa chambre!

Ils sont pratiques lorsqu'on est adulte!

Affalés, couchés, assis sur le canapé, après une journée de travail ou une journée à la maison avec Crapounette. Tu te prends à rêver d'une soirée calme à t'abrutir devant la télé. 

Et là.... tu entends le bruit de petits pas sur l'escalier. Si, si tu n'entends pas? Ce grincement prudent?

Tu as le choix, soit tu cris: "au lit!" et espère naïvement que tu n'auras pas besoin de faire plus! Soit tu te lèves directement et remets la Crapounette au lit!

Tu as aussi, le moment après la sieste où au vu du bruit, tu sais qu'elle se lève et que tu vas avoir le droit à un gros câlin tout ensommeillé! Entre temps tu as eu l'intelligence de planquer chocolat, bonbons et autres cochonneries! 

Merci l'escalier!

Et tu as le cas de figure où toi tu tentes une évasion discrète vers l'étage du bas! 

Et là, tu maudis ce sreugneugneu d'escalier!! 

Je plante le décor! 

Il est tôt, tu es réveillée... malgré que tu aurais pu faire la grasse mat'... 

Tu penses à ton p'tit café que tu pourrais prendre tranquillement, sans avoir à gérer les "Ze veux du lait avec du cacao" "Nooonnnnn, voulais la tasse bleue, pas la rouge!" "Je veux mettre le beurre toute seule." "Z'y arrive pas!" Tu vois de quoi je parle, non??

Donc tu es là, tes chaussons à la main (évitons toutes sources de bruit supplémentaires), tu avances le pied doucement, bien sur le côté et tu implores j'sais-pas-qui pour arriver seule jusqu'à la cuisine! 

Un pied, deux pieds, cracccc. 

Tu retiens ta respiration, rien ne se passe, tu continues!

Un pied, deux pieds pas de grincement! Ouf!

Et on continue ainsi jusqu'en bas des escaliers! Tu tends l'oreille...

Et là, miracle! 

Depuis des mois ça ne t'étais pas arrivé! Tu es seule dans ta cuisine à préparer ton café! Tu t'installes devant ton ordinateur en guettant d'une oreille. Et même que tu as le temps d'écrire un article sans Crapounette dans les pattes sur.... ce maudit escalier qui aujourd'hui ne t'a pas trahi!

Photo de Basheertome

J'vous laisse, l'escalier m'indique qu'un petit être encore ensommeillé arrive!

Ce besoin de le dire!

Lorsque je suis tombée enceinte de ma Crapounette, j'ai gardé secret ce grand chamboulement tant attendu. Je n'ai pas éprouvé le besoin de le crier sur les toits. J'avais mis une amie au courant et c'est tout. Notre bulle me suffisait et j'avais envie de garder ce secret juste pour nous, d'en profiter! On l'avait attendu 9 mois avant qu'elle décide de prendre ses aises dans mon ventre. Futée, elle avait attendu qu'on soit installé, qu'on est la place pour l'accueillir.

Mon homme, je l'ai appris plus tard, a été incapable de le garder pour lui!

Ces 9 mois, m'avait paru longs... trop longs. Du coup, après sa naissance, je n'ai pas repris de moyen de contraception, même si au début nous prenions nos précautions.

Et nous avons attendu... 6 mois... 1 an.... 1 an 1/2... et plus... inlassablement nous avons eu le droit à ces questions, du pourquoi attendre? A quand le deuxième? Et petit à petit, des choses se sont mises en place: application, fausse joie, tests de grossesse, interprétation de chaque signe.... en vain.... J'ai accusé mon boulot, notre couple, la fatigue, le stress... et puis finalement...

2 mois et le joli bola d' Hélène ♥

A la rentrée, j'ai su.

Un test le jour de ses 30 ans. Positif!

Une prise de sang: positive.

Un rendez-vous chez le gygy et une écho après: il y avait bien un p'tit haricot qui venait de s'installer!

 Et là, après avoir dit à mon homme, que je souhaitais le garder pour nous, au moins les 2-3 premiers mois, comme pour la Crapounette, j'ai eu cette envie de le crier au monde entier...

Ma meilleure amie... puis une autre amie, puis ma soeur, ma belle-soeur et en très peu de temps toutes mes amies proches l'ont su.

Puis je l'ai dit à ma mère et vu que mon ventre s'arrondit à vue d’œil j'ai mis mes collègues dans la confidence.

J'ai été incapable de le garder pour moi, comme si cette frustration des 2 dernières années avaient besoin de sortir et partir loin de notre foyer!

En décalage

En tant que parents, nous avons nos convictions, nos principes et nos idéaux. On le sait parfaitement, ils évoluent. Qui n'a jamais entendu?

 "Avant nous avions des principes, maintenant nous avons un enfant!"

Avant d'avoir ma Crapounette, nous aussi nous avions nos principes, notre vision de l'éducation, largement marqués par notre propre éducation. Et puis, elle s'est pointée et j'ai remis pas mal de choses en question...
Je tente de me situer du côté de l'éducation bienveillante, pas toujours avec succès, mais ça reste mon idéal...

Là, où les choses deviennent plus difficiles, c'est lorsque nous sommes confrontés à d'autres personnes.
J'ai souvent cette horrible sensation d'être en décalage...

Pour les copains célibataires de l'homme, Crapounette fait ce qu'elle veut! Donc eux se permettent de lui interdire de faire ci ou ça. "Non, n'ouvre pas le pot, tu vas faire une bêtise." "Ouh, le bébé qui pleure!" et autres joyeusetés... Et j'ai beau expliquer, que non ce n'est pas une bêtise, qu'elle est capable de beaucoup de choses et qu'il suffit de lui expliquer... Je pourrais autant pisser dans un violon... Et en plus je passe pour la chieuse!

Pour d'autres parents, j'ai l'impression d'être cataloguée d'un extrême à l'autre.

Oui, je la laisse monter sur les chaises, les tabourets de bar, les escaliers. Elle va dans le jardin sans que je sois à 40 cm, elle s'habille des fois seule, elle est systématiquement à côté de moi lorsque je cuisine (donc à proximité des casseroles).
Là, je passe pour la mère laxiste qui laisse faire tout et n'importe quoi à sa fille.


Et non, elle ne regarde quasiment jamais la télé, ne boit pas de trucs sucrés, sauf exception, et mange exceptionnellement des bonbons. Je ne la laisse pas manger tout et n'importe quoi au même repas. Je suis sur son dos lorsqu'on est chez des personnes que je ne connais pas beaucoup (où qui je sais n'aiment pas qu'on bouscule leur intérieur) et je suis hyper intransigeante sur la politesse!


Donc nous sommes une fois hyper laxiste et le jour d'après catalogués comme hyper strictes!

Et toi? Tu as trouvé la bonne moyenne?

Toujours cette question du deuxième!

Ma Crapounette a sagement attendu qu'on ai un toit potable au dessus de notre tête pour daigner s'inviter dans nos vies. On l'a attendu 9 mois avant qu'elle vienne s'installer dans mon ventre. 

Mais maintenant Crapounette a 29 mois, 2 ans passé, et lorsque je croise des personnes, j'ai souvent le droit à la même question.

"A quand le deuxième?"

 Entre les personnes qui t'explique qu'il est important de ne pas avoir trop d'écart, ceux qui posent la question par automatisme et ceux qui veulent te démontrer que l'enfant unique n'est qu'un sale gosse capricieux, j'en ai ma claque!

Au début je restais évasive, oui pas tout de suite, on verra, on y songe, peut-être plus tard... Sans réellement donner d'informations. Maintenant ça devient de plus en plus dur... Que dire? Que répondre? J'ai juste envie de hurler, mais mêlez-vous de votre vie! Foutez-nous la paix!

Oui, on y songe! Même que oui, je n'ai pas repris de moyen de contraception après la grossesse! J'en ai eu envie en voyant ma fille cajoler le petit chez la nourrice..., Et même que dans ma tête je voulais avoir un deuxième avant que ma Crapounette rentre en maternelle!

Mais non, on ne décide pas, on ne programme pas, on attend! Non, pour l'instant le p'tit deuxième n'est pas décidé et tous les mois je me prends à espérer! Mon téléphone a eu le grand privilège d'acquérir une nouvelle application, au cas où je ne sois pas douée! Mais rien n'y fait...

En posant cette question, j'ai cette sensation désagréable que les gens s'immiscent dans notre vie privée. Je me sent jugée, incompétente, nulle et avec ça arrive son lot de justifications... pas tout de suite, pas prêt, ou le presque honteux "ben on ne décide pas".

Donc non, on ne demande pas à une personne à quand le prochain/ le premier (à moins qu'on sache que c'est en projet et qu'on prenne des nouvelles...  et encore), parce qu'on ne sait pas! On ne sait si ce n'est pas en essai, si la personne en face n'a pas des soucis, si elle n'a pas fait une fausse-couche ou si tout simplement elle n'en veut pas! 

Et puis de toute manière, il ne faut pas se leurrer, la maman enceinte finira par le crier sur tout les toits, il suffit d'être patient!

Prendre le temps...

Prendre le temps...

de jouer, de rire, de partager!

de discuter, s'écouter, chanter.

de s'émerveiller, de se cajoler, de câliner.

Prendre le temps...

 pour avoir des moments de complicités, des moments de qualités, des moments juste magiques! Prendre le temps de l'écouter, d'être patiente et bienveillante!

Prendre le temps...

de la voir grandir, si indépendante et malgré ça, si proche de moi. 

A chaque vacances c'est la même claque, le même constat, ce même goût amer qui me reste dans la bouche!

Je n'ai pas le temps de prendre ce temps! J'ai l'impression que mon travail m'envahit, ne me laisse plus respirer... jusqu'aux prochaines vacances où je suis à elle! Rien qu'à elle! Où je profite d'elle et elle d'une mère vraiment disponible qui n'a pas la tête ailleurs... qui  n'a pas mauvaise conscience de ne pas être en train de bosser! Et là je vois ma Crapounette souriante, heureuse, câline, indépendante... qui grandit si vite! Elle fait des phrases, me raconte sa journée, construit des trains, des maisons, des bus... 

Et là, je me dis que je rate tellement de choses... et je me mets à détester ce travail, que j'aime pourtant!

La sournoise a pris ses aises!

Avant, elle restait dans son lit. 
Avant elle n'était que peut présente dans notre vie. 
Avant elle n'avait pas tant d'importance que ça.

Mais maintenant...
Elle traine partout. 
Elle se cache partout. 
Elle est partout et surtout là où elle ne devrait pas être.

Cette foutue tétine! Elle est devenue source de crises, de pleurs, de je-parle-et-personne-ne-comprend!

Je n'étais pas vraiment pour la tétine, n'en ayant pas eu moi-même. Et puis un jour, j'étais en course, la Crapounette s'est mise à hurler, inconsolable! La tétine a fait son apparition dans nos vies. Vous savez, ce bouchon qu'on refile au enfant dès qu'ils hurlent? Et ben, elle était là, dans le bec de ma toute petite.

Je m'en suis accommodée. La tétine est devenue, au même titre que le doudou, la veilleuse, une alliée pour l'endormissement de la Crapounette! Au réveil, on se débarrasse de ce petit bout de silicone et du doudou! Ils sont dans le dodo et puis c'est tout! Ce petit air fière de ma Crapounette qui s'en débarrassait après une sieste! 

J'étais contente, nous la tétine ce n'est pas tout le temps! Ce n'est que pour dormir! Mais c'était trop beau pour être vrai! Elle s'est petit à petit imposée, elle a grappillé du terrain, elle nous a envahi la sournoise!

Il y a eu les matins difficiles, puis la Crapounette un peu malade, puis la Crapounette fatiguée... et hop la tétine faisait son apparition dans la bouche de ma fille... Et maintenant, on peine à ne pas la voir toute la journée... La sournoise a pris ses aises!

Que faire pour qu'elle ne continue pas son invasion? Je me demande si ma fille en a réellement besoin, si elle cherche à compenser quelque chose... Je ne veux pas la brusquer, mais je ne veux pas qu'elle envahisse notre quotidien. Ce n'est pas évident.

Et toi? Tétine envahissante ou discrète? Elle a fait sa sournoise ou elle est entrée tout de suite avec ses grands sabots chez toi?